Le PAFE – le Plan d’assainissement des finances cantonales (PAFE) 2026-2028 mis en consultation par le Conseil d’Etat – «tend à présenter les personnes âgées comme un fardeau financier» et véhiculerait «une image réductrice et utilitariste de la personne âgée». Claude Bertelletto, directrice de l’AFISA, l’association qui regroupe les établissements médico-sociaux et les services d’aide et de soins à domicile des districts du canton de Fribourg, l’a fustigé à l’occasion de l’assemblée des délégués de la Fédération fribourgeoise des retraités (FFR) qui s’est tenue le mardi 17 juin 2025 au Relais Saint-Jacques à Vuisternens-devant-Romont.

L’AFISA rejette l’ensemble des mesures proposées dans le cadre du PAFE en lien avec les soins de longue durée, principalement pour les motifs suivants:

  • Manque de vision proposée mais coupes purement économiques/comptables
  • Domaine des soins de longue durée très voire trop fortement impacté en comparaison d’autres domaines
  • Incohérence avec le vieillissement de la population et les défis qui y sont liés
  • Incohérence avec la difficulté de recrutement du personnel notamment des soins
  • Incohérence avec l’initiative des soins infirmiers forts
  • Incohérence avec la politique cantonale visant le maintien à domicile.

L’AFISA ne présente aucune contre-proposition qui toucherait les soins de longue durée, car toute mesure à ses yeux :

  • Compromettrait gravement la qualité et la durabilité du système socio-sanitaire fribourgeois et des institutions (EMS, réseaux de santé)
  • Contredirait les engagements politiques pris en matière de soins infirmiers forts et de maintien à domicile

L’AFISA refuse l’idée sous-jacente au PAFE, qui tend à présenter les personnes âgées comme un fardeau financier. «Bien au contraire, elles incarnent des valeurs essentielles dont notre société a grand besoin: la vulnérabilité, la lenteur, la disponibilité; autant de qualités précieuses dans un monde qui valorise la performance, la rapidité et la suroccupation».

L’AFISA rejette les mesures du PAFE touchant les soins de longue durée et estime que les coupes budgétaires proposées sont incompatibles avec les engagements politiques et les réalités du terrain. Les mesures du Programme d’assainissement des finances de l’État impactent les soins de longue durée. Pour l’association, il s’agit d’une logique purement comptable, sans vision stratégique, qui fragilise le système socio-sanitaire actuel.

«Avec 30 millions d’économies ciblant directement les EMS et les soins à domicile, l’AFISA alerte sur un déséquilibre préoccupant des économies proposées. Aucune vision à long terme ne semble guider ces choix, pourtant cruciaux pour la qualité des prestations et le bien-vivre des personnes âgées».

Elle déplore des impacts majeurs pour les institutions, le personnel et les bénéficiaires. Parmi les mesures les plus problématiques, l’AFISA dénonce la réduction prévue des effectifs d’un EPT soins et d’un EPT accompagnement par 100 lits. L’augmentation du nombre d’heures par équivalent plein temps (EPT) entraîne une baisse mécanique du personnel disponible sans diminution ni des besoins ni des attentes. «Cela signifie concrètement moins de temps auprès des résident·es, une pression accrue sur les équipes et une perte au niveau de qualité des prestations. Cette logique va à l’encontre des objectifs portés par l’initiative sur les soins infirmiers forts et aggrave une pénurie du personnel soignant déjà critique. L’accompagnement, élément essentiel du bien-être et de la vie sociale des résident·es, est également touché. Sa diminution met en péril des activités fondamentales telles que l’animation, le soutien à la mobilité ou encore l’intégration sociale au sein des EMS».

Toutes ces mesures conjuguées, de l’avis de l’AFISA, mettent en danger la stabilité des institutions, découragent les collaborateurs·trices, et détériorent les conditions d’accueil et d’accompagnement des personnes âgées. De plus, les communes seraient également pénalisées, car la refacturation des mandats cantonaux aux communes remet en cause le modèle solidaire entre les réseaux de santé. «Ce changement fragilise la collaboration interdistricts et pousse les communes à se recentrer sur leurs propres résidents. Cela risque de générer des tensions territoriales, d’aggraver l’engorgement des sorties de l’HFR vers les EMS et de compromettre la fluidité des parcours de soins. À terme, la qualité des prises en charge serait péjorée, au détriment des bénéficiaires».

Proposant d’explorer d’autres pistes, l’AFISA, qui reste pleinement engagée à défendre les intérêts des institutions EMS et des réseaux de soins à domicile, appelle le Conseil d’État à renoncer aux mesures touchant les soins de longue durée

Voir la prise de position complète de l’AFISA, signée par Antoinette de Weck, présidente, et Claude Bertelletto Küng, directrice

Claude Bertelletto Küng, directrice AFISA